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436 MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
« si ce n'est pour quelque petit cousteau de jacobin « pour le Bearnois? Et ma foi (va-elle dire, voiant « que l'autre rioit), je gagerai que c'est ceste bonne « affaire là où il est empesché. — Possible pour lui, « respondit Borderel ; possible pour un autre. » Et lui s'acoutant à l'aureille, lui dit que ce gros pourceau se garde hardiment qu'on ne lui en donne dans le ventre. «c U lui faudroit, dist elle, l'y fourer bien avant : car il « a les trippes bieVi grosses. — Aussi fera-Ton, lui res-« pondit l'autre. Son masque est levé : nous congnois-« sons bien à ceste heure qu'il ne vault rien. »
Ce jour à Paris devant le Palais fust fait un grand feu, où on mist au dessus le pourtraict en carton du Roy, et de la roine d'Angleterre. Au dessus de celui du Roi y avoit escrit : le Bearnois; et au dessus de l'autre, Jezabel; et au dessous des vers françois diffamatoires contre l'un et l'autre. Toutefois, à cause du vent, ces deux pourtraits ne peurent estre bruslés, ains tumberent à costé du feu, et furent ramassés par quelques gens qui estoient là : dont ce sot peuple, amassé autour pour regarder ce beau mistere, voiiant qu'ils s'estoient sauvés du feu, et qu'on les avoit emportés , commença à crier et à tumultuer, et dire que c'estoit un trés mauvais signe que cestui là; et que, quelque chose qu'on dist, que le Bearnois avec sa sœur Jezabel nous feroient bien encores du mal.
Le vendredi vingt-cinquième de ce mois, M. Vetus fust envoié par le duc de Maienne à la cour de parlement, qui s'estoit assemblée pour demander la treufve, leur dire que dans deux jours il les rendroit contens; •t qu'il les prioit de surseoir leur assemblée. Ge qu'ils firent.
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